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Je n’ai pas voulu n’épancher dans mon dernier article, mais saches cher lecteur que ces histoires de dictature me donnent envie d’envahir la planète. Je continue donc dans l’exploration et la découverte du saint despote et de ses petites manies de fashion addict. Je vous ai déjà parlé d’un phénomène politique qui s’est complètement transformé en phénomène de mode ici, c’était sans savoir que ce n’était pas le seul exemple.

Avant que le keffieh de Yasser Arafat ne soit transformé sur les mannequins filiformes de Balanciaga il y a quelques années, le col Mao a aussi connu son heure de gloire. Tout droit sorti de la dynastie chinoise sous le régime de Mao Zedong, le col Mao, éponyme à son plus fervent admirateur, a été démocratisé (pardonnez-moi le terme) par Pierre Cardin, en 1968. Porté sans cravate, dans le respect de la plus pure tradition à l’image du despote, elle est signe d’élégance et de grande classe. Alors que le col Mao aurait pu rester dans les placards des musées de mode (pensons à l’Histoire quand même, merde !), il devient peu à peu… un intemporel. Voilà qu’il fait les beaux jours d’Armani en 2010, et envahi l’esprit des créateurs plus populaires comme Vanessa Bruno (vachement populaire hein ?!) ou Topshop.

Non mais allons-y, pourquoi pas lancer la mode des boutons de manchette Adolf et les slip en éponge Bachar pendant qu’on y est ?!

Tout ça pour dire que mon professeur d’histoire n’a cessé de me le répéter pendant ces longues années de prépa, attention aux anachronismes. Quand chez les Fillon, on montre fièrement qu’on kiffe grave le col Mao (que ce soit Pénélope ou François lui même), qu’on ne s’étonne pas, finalement, de se faire taper sur les doigts. L’Histoire reprend soudain le dessus du chic et l’élégance quand c’est une personnalité politique qui se l’accapare. Ouf ! Tout ça a quand même un sens.  Les faits remontent à 2010, lors d’une sortie avec Nicolas Sarkozy au fort de Brégançon, celui qui était à l’époque Premier Ministre est aperçu vêtu du fameux col. Scandale !

On m’a fait remarqué récemment mon entrain à promouvoir les valeurs de gauche (paix et amour dans ton coeur lecteur), je n’omet donc aucun détail de l’histoire : Jack Lang, en 1985, avait lui-même commis l’erreur impétrante de revêtir la chemise au fameux col lors d’une séance de questions au gouvernement.

La messe est dite !

dictateurs_modifié-1J’ai l’impression que ça fait longtemps que je ne vous ai pas parlé de vraie mode et de vraie politique. J’ai essayé de caser ci et là quelques opinions bien personnelles, c’est vrai, mais que veux tu lecteur, si la démocratie nous donne voie au chapitre et que la sphère numérique nous donne en plus l’occasion de la propager, pourquoi donc s’en priver ?!

C’est si fragile et si précieux la démocratie… C’est pour ça que pour simplifier les choses, aujourd’hui, je vous parle de bonnes grosses dictatures, c’est beaucoup moins compliqué quand tout est dicté d’avance.

Je vous parle de dictature, mais pas n’importe laquelle. La dictature de la mode. Ou plutôt LES dictatures ET la mode. Vous n’avez jamais remarqué ? C’est pourtant flagrant. Voici donc quelques clés de succès pour être un bon dictateur (on ne sait jamais, au cas où vous voudriez vous lancer).

1. La dictature, c’est aussi celle de l’image. Pour être un bon dictateur, il faut utiliser l’image, le vêtement, le détail qui fera qu’on vous citera beaucoup dans les livres d’histoire et beaucoup moins aux repas dominicaux chez Grand Maman. Vous prendrez exemple sur Tito ou Staline, qui portaient parfaitement l’uniforme militaire… qui ne correspondaient en réalité à aucun grade de l’armée (l’image que je vous dis !). Vous n’hésiterez pas à ajouter un petit détail qui fait qu’on vous différenciera d’un autre dictateur, du genre une moustache carrée comme Adolf, un gros cigare comme Fidel, des lunettes de hipster avant que ce soit la mode comme Kim.

2. Un dictateur peut mettre de la couleur. A bas treillis et uniformes soooo 20ème siècle, l’heure est à la couleur criarde et aux bijoux ostentatoires. A l’image de Kadhafi, vous vous emploierez donc à porter des tenues colorées (mais attention aux fautes de goût), à mélanger les matières et à collectionner les lunettes fumées. Si votre visage inspire peu la sympathie, au moins votre tenue exigera le respect et vous serez immédiatement identifiable même par le français moyen qui préfère Jean Luc Reichmann à i-télé le midi.

3. Vous n’aurez pas peur de la démesure. Comme Bokassa, vous n’hésiterez pas à dilapider le quart du budget de votre pays pour votre cérémonie de couronnement. Quand vous avez entendu Karl Lagerfeld avouer qu’ “à quatre ans, j’ai demandé à ma mère un valet de service”, vous vous direz que vous méritez largement une petite fête un peu onéreuse pour l’occasion.

Cependant, attention aux contestations des citoyens de votre dictature, qui n’hésiteront pas à vous faire savoir que vos décisions de despote ne leur sied pas, comme au Zaïre, où suite à l’imposition de l’abacost par Mobutu Sese Seko, comprendre l’abréviation d’ “A bas le costume”, on a vu émerger la Société des ambianceurs et personnes élégantes pour protester contre ces interdictions (âmes sensibles, s’abstenir).

4. C’est pourquoi, vous ferez comme si vous vous fondiez dans la masse. A l’image de Fidel Castro et de son successeur (qui n’est autre que son frère Raul), vous vous promènerez en fourgon blindé peut être, mais dans un treillis vert tout à fait commun (cela vous va si bien au teint !). Remettez en une couche avec cette fois un mono-costume, comme Mao, qui ne quittait jamais sa blouse grise et qui n’en avait, selon la légende, que trois exemplaires.

Vous voilà prêt à destituer François Hollande et à envahir la France ! Bonne chance, et ne m’oubliez pas lorsqu’il sera temps pour vous de nommer vos proches conseillers, je me vois bien second dans l’exercice du despotisme.